7 décembre 2020

Anecdote du soir…

Dimanche matin, alors même, je vous l’ai dit, que les croyants de l’Eglise d’à côté de la boutique commençaient à répéter pour La Nouvelle Star ou un truc du genre, Dimanche matin donc, sont entrés deux amoureux.

Presque deux siècles à eux deux, mais comme tout le monde sait que j’exagère toujours, je précise qu’ils devaient avoir quand même au moins 85 ans chacun ce qui fait pas loin de deux siècles à deux on va pas chipoter non plus.

Ils n’étaient plus dans une forme olympique vous vous en doutez bien, alors ils prenaient grand soin à chacun de leurs pas.
Monsieur Amoureux a donc gravi la pente qui mène à la boutique, il a ouvert la porte, puis s’est tourné vers Madame Amoureuse pour lui recommander de faire attention parce que Tu vois y’a une marche fais attention avec ta cane.

Vous qui n’étiez pas là, faut qu’je vous dise que le «tu vois » était totalement superflu parce que précisément, elle voyait rien. Sa cane était blanche et le bras de son mari une sacrée béquille version chien d’aveugle.

Il m’a demandé si j’avais « La goûteuse d’Hitler ».

J’ai proposé de le lui emballer pour Noël…
Elle a ri.
C’est lui qui veillait sur elle et elle, elle riait. Elle, elle riait tout le temps.

On aurait dit qu’il prenait soin d’elle pour qu’elle puisse rire. Voilà ce que j’ai pensé à ce moment là.

Et d’ailleurs, c’était plutôt : lui prenait soin pour qu’elle puisse glousser.
Parce que c’était ça son rire.
Un gloussement.
Dans son rire, il y avait une tonne de bêtises genre toutes les blagues de la Terre + toutes celles qu’ils avaient faites ensemble. Et ils se préparaient tous les deux pour la soirée la plus débridée de l’histoire de Noël depuis que Jesus est né, que même une soirée à l’El Divino d’Ibiza avec David Guetta en guest c’est comme une tisane à la verveine que tu prendrais avec ton chat sur les genoux et des chaussettes en laine que t’as toi même tricotées.

Alors j’ai fait un paquet et puis il m’a demandé si je l’avais aussi en livre audio « La goûteuse d’Hitler », « toujours avec un paquet cadeau c’est aussi pour offrir. »

Elle a cessé de glousser. Elle est devenue pivoine bien mûre et c’est là que j’ai compris.
Le livre était pour lui. Le livre audio, pour elle. Et ils se préparaient une soirée ensemble à lire et à écouter le même livre. Et les ptits gars, ça les rendaient joyeux comme jamais on pourra l’imaginer.

Et là je me suis dit que confinement ou pas, repas à 6 avec les vieux dans la cuisine ou pas, ils allaient ouvrir leurs paquets cadeaux le soir de Noël et ce qui comptait pour ces deux là, c’était juste d’être ensemble à lire/écouter le même livre.
La vie, quoi !

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