17 mars 2020

Anecdote de ma deuxième journée de confinement :

Aujourd’hui, je suis sortie deux fois. 

Une fois ce matin alors qu’on était encore en temps de paix. J’ai croisé euh… attendez je réfléchis… personne, ça c’est sûr. Des geais. Des corbeaux (des vrais, parce que mon voisin que je rêve de zigouiller discrètement n’est pas confiné, je n’sais pas où il bosse mais il bosse c’est l’essentiel). Pas un seul avion dans le ciel. Et donc rien d’autre. 

Et une fois cet après midi en temps de guerre (sanitaire, oui, j’ai compris). 

En temps de guerre, c’est à dire que j’avais imprimé en prévision et aux aurores l’attestation que mon amie VM m’avait envoyée. 

Je l’avais lue. 

J’avais rien coché parce que j’avais pas de stylo sous la main et puis c’matin ça urgeait pas encore i m’restait quelques heures de liberté j’ai reposé le papier j’ai fait aut’chose une lessive la vaisselle l’aspirateur les vitres les tapis les lustres à pampilles l’argenterie les parquets, va pas falloir que ça dure dix ans ce confinement parce qu’on va finir par manger par terre alors que l’huissier ne m’a pas encore pris mes tables et mes chaises tellement je vais finir sur la paille avec cette histoire. Et puis c’est quand j’ai vu qu’on claquait de chaud dehors que j’ai repensé à Sid et que je m’suis dit qu’il fallait que j’aille le réveiller parce qu’on était quand même le 17 mars et qu’il hibernait depuis mi octobre ça fait long quand même mais ça c’est une autre histoire alors on va pas tout mélanger on en parlera un autre jour. 

Un truc en entraînant un autre, on était l’après midi et je m’apprêtais donc à sortir me balader. Avec mon attestation que j’avais retrouvée entre temps et j’avais coché 5 pour « faire de l’exercice » ou un truc du genre je dis ça de mémoire. Et là, l’enfer. Irrespirable. L’ennemi Invisible tout pareil que le Covid19 mais alors pas du tout mais alors vraiment pas du tout inodore. Parce que qu’est ce qu’il avait fait entre midi et deux mon paysan d’voisin ? Il avait répandu son fumier, ce fumier. Atroce. Une odeur pire que la mort qui te prend à la gorge je vous entends d’ici me dire que c’est la nature mais je vous mets au défi de résister. On se s’rait cru à Annecy en pleine descente des alpages en mille fois pire. Je suis sûre qu’il l’avait même pas remplie, lui, son attestation. Et là j’vous l’donne en mille, ça chlingue tellement qu’i’a pas un flic qui le contrôle et qui lui file 38 euro d’amende pour aujourd’hui et dès demain ça passe à 135 et ça peut même être majoré oui j’ai bien écouté ce que vous avez dit ce soir Monsieur Edouard Philippe. 

Du coup je suis rentrée direct. 

J’ai fermé les fenêtres. Les volets. À clef. 

J’ai même bouché les aérations et les conduits de cheminée. 

Je suis restée chez moi. 

Pour un peu et pour fuir ici, je s’rais allée bosser. 

Alors Manu, 

Doudou, 

Si vous avez des problèmes à faire entendre raison à quelques irréductibles gaulois, j’vous prête une arme fatale pour 100% de confinement : mon voisin. 

Me remerciez pas c’est cadeau.

Publié dans
dans les archives