Anecdote d’un matin à la librairie où Poulidorette rentre avec son père, casque jaune et draisienne blanche et vert anis, et ciré blanc brillant, on sait jamais si toutefois la pluie arrivait…
Je vous préviens de suite, il va peut être vous falloir un décodeur, ou alors vous pouvez tenter de faire comme avec Canal en crypté, vous bougez très vite la tête de gauche à droite sans cesse, si ça s’trouve ça marche.
Bref.
Ils regardent tous les deux les livres dans la roulotte et y’en a des « cossolis dad papa ssé cossoli ci la é là papa li beau ssila rrrroo le léfant dad papaaa la tompe de le léfant ze le veux ssila pou ma méssson et le ssinze lé dôle le ssinze la vu papa le ssinze lé dôle hein ? »
Et voilà qu’elle les passe tous en revue, les livres de la roulotte, et je vous assure qu’il faut être sortie major de l’Institut Parisien à la Renommé Internationale des Langues Enfantines à 30000 euro l’année pour réussir à suivre alors au bout de deux minutes (j’avais que 27 euro 49 en poche lorsque je me suis inscrite), j’ai décroché et je me suis contentée de rire tellement y’avait d’enthousiasme et de joie pour cette petite môme, à découvrir ces éléphants, ces singes, ces hirondelles, et j’en passe, occupés à faire des pirouettes de malades, tout ça pour être sûrs de passer les sélections pour être retenus par les éditeurs d’albums jeunesse et se retrouver avec ses potes de la jungle ou des montagnes à figurer dans ces p’tits bouts de bouquins cartonnés et animés.
Et là, d’un coup, je réalise que j’ai parfaitement compris ce qu’elle vient de dire. Comme si on m’avait menti et que finalement, le baragouinage enfantin, c’était possible en une leçon de 10 minutes alors que depuis 40 ans, j’en bave pour l’anglais.
Je viens d’entendre « lé MAGNIFIQUE ssila »… 😲😲😲
Je me retourne.
Je croise le regard de son père.
Et son père, à cet instant là, croyez moi pas si vous voulez mais je vous jure que c’est vrai, son père à cet instant là, précis, c’est la femme de Nadal alors que l’espagnol vient de remporter Roland Garros pour la 53ème fois, elle savait qu’il gagnerait parce qu’évidemment c’est toujours lui qui gagne même s’il a 88 ans, c’est toujours et encore lui qui gagne elle le sait et elle en est hyper fière, elle a foi en lui il ne l’a jamais déçue, et LE père, à ce moment là, c’est le même, la fierté incarnée, SA fille, elle sait rien dire d’intelligible, mais ça, il sait qu’elle sait, et que ça en bouche un coin à tout le monde, et ce matin, ça m’en bouche un coin à moi.
Il le voit.
Il jubile.
SA fille vient de dire :
lé « MAGNIFIQUE » ssila.
Incroyable.
C’est bien la preuve que si à bientôt 50 ans, je suis toujours aussi nulle en anglais, c’est que mes profs ils ont eu trop foi en quelqu’un d’autre, et que peut-être même, ils ont hésité à croire entre Nadal et moi et que c’est Nadal qu’ils ont choisi.